Une vie après la mort : comment être sûr ?

La certitude d’une vie après la mort ne repose pas encore sur des preuves matérielles. Et c’est au cœur de l’expérience de deuil que nous est donnée l’opportunité de découvrir les signes sans doute les plus rassurants et les plus durables.

La certitude d’une vie après la mort ne repose pas encore sur des preuves matérielles. Et c’est au cœur de l’expérience de deuil que nous est donnée l’opportunité de découvrir les signes sans doute les plus rassurants et les plus durables.

Une vie après la mort : comment être sûr ?

Comment être sûr ?… En fait, rien ne peut être démontré à la personne qui vient d’être touchée par la disparition d’un être cher. Pourquoi ? Parce que dans un premier temps, sa disposition d’esprit lui ferait attendre des preuves exclusivement matérielles, capables de la persuader que rien n’a changé, que l’être aimé n’est pas vraiment mort. C’est dans un second temps que les choses deviennent intéressantes, quand la personne ne s’enferme pas dans la douleur et ressent que l’approche d’une vie après la mort est avant tout une question d’intuition, de foi, une question de résonance en soi. Le premier indice repose sur un souhait, un souhait qui se dégage quand le choc de la séparation fait éprouver le besoin de chercher l’être disparu, c’est-à-dire de l’espérer en vie, quelque part. C’est bien la première démarche vers une représentation de l’autre totalement différente de l’image avec laquelle on avait l’habitude de vivre. C’est un besoin subtil qui nous renvoie à nous-mêmes car on ne rencontre l’autre qu’au niveau de son cœur, que dans ce que l’on a su éprouver avec lui et qui est de l’ordre d’une reliance d’âmes.

Le besoin de croire

Même si on ne croit en rien de particulier ou si on ne se pose aucune question, le choc de la mort produit presque toujours le besoin de croire à une survivance. Il déclenche un mécanisme de recherche d’un signe, d’une présence, dans nos impressions et nos ressentis. Beaucoup de personnes vivent l’expérience de cette “ présence ” au cœur de l’absence et les témoignages abondent : “ Un bref instant, j’ai cru qu’il était présent, comme s’il était là physiquement. Je me suis retourné mais il n’y avait personne. ” Et cela se produit avec une telle force qu’une question se pose : “ Et si la personne était vraiment là ? ” Cette interrogation se pose en soi et on ne va plus y réfléchir intellectuellement mais intuitivement. C’est de l’ordre de : “ Qu’est-ce que j’ai ressenti ? Qu’est-ce que ça me disait ? Pourquoi cette impression ? ” Sans le savoir, on flirte avec quelque chose que l’on découvre, qui n’existe pas objectivement, mais qui nous “ pénètre ”, nous fait bouger et qu’on associe à la présence du bien-aimé qui nous a quittés. Cette tournure de pensée nous fait accepter l’hypothèse d’une survivance. Cela nous allège d’un attachement souvent trop humain vis-à-vis de la personne. En étant moins dans la tristesse, on devient intelligent – par une compréhension – de ce qui se passe. Une rencontre intérieure avec soi se profile, elle n’est plus intellectuelle car envisager l’hypothèse nous fait déjà du bien. On pense autrement, c’est-à-dire non plus en fonction de ce qu’on a toujours cru mais selon ce qu’on n’a jamais voulu se dire et qui, pourtant, est en train de surgir.

Vers un monde plus subjectif

La période du deuil peut être riche de cette démarche intérieure si l’on est conscient. Elle permet de passer un protocole d’accord avec soi-même pour se rapprocher davantage de l’être aimé par l’intérieur de ce que l’on est. Certes, on aborde-là un monde plus subjectif, un monde imaginaire. Mais pour ceux qui en font l’expérience, il est une réalité aussi consistante que la terre sur laquelle reposent leurs pieds. C’est à partir de ce “ nouveau monde ” qu’ils exercent leur talent et construisent un quotidien qui ne viendra de personne d’autre que d’eux-mêmes. C’est une manière de se reconstruire intérieurement en y gardant la place de l’être disparu. À chaque mort d’une personne, notre famille se déstructure – même s’il y a des naissances –, mais on comprend que l’on construit à l’intérieur de soi une famille spirituelle où chacun prend sa place dans une autre expression de vie. On élabore progressivement une autre façon de penser et d’utiliser la vie quotidienne pour ressentir ce qu’elle offre dans sa dimension spirituelle. En l’absence de l’être cher, on se hisse à sa présence en devenant soi-même vivant de ce que l’on est dans notre for intérieur. C’est cette rencontre qui insuffle dans tout notre être la certitude que le visible et l’invisible ne forment qu’un seul monde, que les vivants et les morts ne sont jamais séparés. Un véritable retournement de conscience s’accomplit dans le silence de notre intimité.

Le rivage de l’acceptation

C’est donc depuis notre sanctuaire personnel, secret, que la certitude rayonne parce que l’on fait appel à des valeurs en soi dans lesquelles on se sent bien. Le bien-être à vivre ainsi devient en quelque sorte une preuve, elle n’est pas une croyance de remplacement. La vie de l’autre rive fait partie peu à peu de notre propre vie à travers la lumière qui anime notre existence. Elle stimule en permanence notre recherche de l’essentiel à travers l’apparence. Alors, tout ce que l’on comprend et tout ce que l’on devient a valeur de certitude. On ne réclame plus les preuves d’avant notre deuil parce que la seule certitude est que tout est mouvement, changement et passage. Après avoir traversé immanquablement la dénégation de la mort (voir encadré), la révolte quelquefois, le chantage souvent et la dépression parfois, on atteint le doux rivage de l’acceptation qui nous fait abandonner toute peur. Un voile se déchire et l’on peut voir avec le cœur, comme le disait Saint-Exupéry. Il est alors plus facile de capter les “ signes ” venant de l’autre rive qui préviennent d’une manifestation de l’être aimé. L’amour humain s’estompe au profit d’un amour qui est complicité intérieure, regard plus juste, contemplation sereine.

La certitude nous allège du poids de l’ignorance et devient le marchepied d’une vision plus claire, pour ne pas dire d’une clairvoyance. On devient en effet son propre intermédiaire, son propre “ médium ” capable de relier les impressions personnelles du monde du dedans et les informations du monde du dehors. La certitude nous maintient en mouvement mais toujours dans l’axe de l’amour retrouvé et partagé.

5 étapes pour voir clair

En accompagnant des milliers de personnes en fin de vie, Elizabeth Kübler-Ross a pu déterminer cinq phases par lesquelles passe tout être humain confronté à sa propre mort. Ces cinq “ phases du mourir ” sont : 1 – le déni, 2 – la colère, 3 – le marchandage, 4 – la dépression et 5 – l’acceptation. On peut aisément transposer ces phases au sujet de cet article, chacune d’elle permettant à la personne de s’ouvrir à sa propre dimension intérieure. Toutes ne sont pas aussi flagrantes dans leur manifestation mais elles montrent comment fonctionne la psychologie humaine. Le déni est le “ non ” catégorique à l’annonce de la mort d’un proche. La colère ou révolte est la logique opposition à notre impuissance face à l’inévitable. Le marchandage marque la tentative de négocier un retour en arrière. La dépression est l’état dans lequel on se réfugie pour puiser à d’autres forces en soi. L’acceptation enfin est la conscience indéfectible (certitude !) que chacun – physiquement ou en esprit, ici ou ailleurs – est à sa place et reste relié à la grande intelligence de l’univers. La période du deuil n’est pas autre chose que la plus ou moins lente maturation de ces étapes chez la personne qui cherche à passer du “ vivre sans la présence ” (physique) à “ vivre avec la présence ” (spirituelle).

Bibliographie :
Rencontres avec une Étoile
Ce que la mort m’a confié (en réimpression)

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