Sagesse et cécité

Pourquoi la mythologie regorge-t-elle de devins, sorciers et autres thaumaturges aveugles ? Et en quoi l’archétype du « sage aveugle » peut-il nous être utile dans une réflexion sur le handicap ? A partir de sa propre expérience, Jean-Claude Genel nous invite à ouvrir les yeux sur ce qui fait sens dans l’existence.

Depuis toujours j’ai vu des choses que les autres ne voyaient pas, ce qui m’a très vite placé dans une forme d’exclusion que connaît bien toute personne en situation de handicap. Différent jusqu’à la fin de mon adolescence – car percevant la réalité de la vie à travers la « double-vue » du monde physique et spirituel – j’ai vécu un événement qui m’a plongé dans une forme de cécité psychique. La maladie de ma sœur Renée atteinte d’un cancer à l’âge de 29 ans me jeta brutalement parmi les « simples voyants » ! J’en ai voulu des mois durant au « Bon Dieu » de m’imposer la perte programmée d’un être que je chérissais et qui comprenait si bien ma singularité. Devant mon impuissance à sauver Renée malgré ma présence quasi quotidienne à ses côtés, ma foi a disparu et mes talents de clairvoyance aussi.

Ne plus être relié…

Plus rien, juste l’impression aiguë d’une seconde exclusion, dans l’autre sens cette fois, sorte d’exil du monde « réel-spirituel » pour me retrouver planté parmi celles et ceux qui vivent en trois dimensions, oublieux de celle de l’intériorité. Pendant des mois, je me suis donc senti comme « mort », absent de tout ce qui faisait le sel de ma vie d’avant. Subissant la punition de devoir être « comme les autres » mais sans posséder les mêmes aptitudes, je me vivais comme handicapé… J’avais perdu le talent d’être relié à la source et, de ce fait, je me sentais incompris des autres et contraint de partager le même point de vue pour « vivre malgré tout » ! Puis ma sœur est morte… mais le soir même, alors que j’étais ravagé de douleur et seul dans ma chambre, elle m’est apparue… Dans une grâce infinie et nimbée d’une lumière que je reconnaissais, elle m’adressa ces quelques mots : « Dans quel état tu te mets ! » Je venais de réintégrer mon monde, les mois d’exil prenaient fin et le prisonnier que j’étais devenu retrouvait sa liberté.

Je sens donc je pense !

Les jours suivants, un Guide m’adressa ce message : « Ce que tu as vécu et ressenti – alors que la douleur des sentiments t’éloignait du chemin de tes talents – c’est ce que vivent les gens. Coupés de tout ce qui est divin, sans la vision et le ressenti qui suscitent l’éveil aux valeurs de l’âme, ils errent dans le labyrinthe de l’existence. » J’ai réalisé qu’en étant coupé du spirituel, on s’éloigne peu à peu du ressenti et qu’ainsi le handicap de la cécité psychique prend racine sournoisement. Même les yeux ouverts, il devient difficile de voir...

Pour lire la suite, procurez-vous le n°73 de Sacrée Planète
Cet article prolonge le dossier précédant de Sacrée Planète n° 72 sur le handicap.

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